J’ai monté ma boite dans la sextech.
Ce fut un échec.
Ou plutôt un premier gros apprentissage entrepreneurial mais surtout sur moi-même.
TalQ Univers, c’était un concept store pour libérer les paroles sur les sexualités, puis un média. Je vous raconterais cette aventure dans un autre article. Mais d’abord, qu’est-ce que la sextech ?
Définition de la Sextech
Le terme “Sextech” combine “Sex” pour sexualité et “Tech” pour technologie. La sextech englobe les entreprises technologiques qui se concentrent sur l’amélioration de la vie sexuelle des individus à travers des produits et services innovants pour la santé, l’éducation et le plaisir.
La sextech, comme la femtech, répond à des besoins intimes souvent négligés ou complètement oubliés : sexualité des LGBTQIA+, des peronnes âgées, des personnes handicapées, bien-être sexuel en post-partum, education à la vie affective et sexuelle des enfants, ado et même adultes.
Cela peut inclure l’utilisation d’internet comme plateforme de mise en relation pour des RDV avec des sexologues, des achats de produits via des sites de e-commerce, mais aussi des innovations textiles comme les culottes menstruelles ou des approches pédagogiques novatrices pour enseigner la vie affective et sexuelle.
Pourquoi Entreprendre dans la Sextech ?
- L’appât du gain de la Sextech : Le marché mondial de la Sextech a été évalué à 31,4 milliards USD en 2022 et devrait croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 16,71 % entre 2023 et 2030 (Source : Grandviewsearch). l’explosion des ventes des sextoys pendant le confinement a mis en lumière ce secteur.
- Responsabilité sociétale et politique : Les entrepreneur.e.s dans ce milieu partent souvent d’un problème personnel ou identifié dans leur entourage. La passion, l’engagement et l’éthique sont indispensables, tout comme une connaissance approfondie du domaine et la capacité à affronter les railleries et commentaires déplacés.
Le difficile chemin des entrepreneurs de la sextech
L’entrepreneuriat est difficile dans tous les secteurs, mais dans la sextech, cela peut être particulièrement éprouvant. Entreprendre dans la sexualité signifie souvent subir le stigmate et les préjugés associés. Il est nécessaire de se justifier constamment. Les difficultés rencontrées par les entrepreneur.se.s de la Sextech seront abordées dans un autre article.
La sextech est-elle politique ?
Pour moi, OUI. J’ai vraiment beaucoup de mal à dépolitiser ce secteur, à le voir comme un simple business, opportunité purement financière.
Entreprendre dans la sextech, c’est répondre à un vrai besoin et droit d’éducation, de santé, de bien-être et de plaisir.
Une tabootech
La plupart des gens n’acceptent le sujet que lorsque l’on parle de santé et encore dans une certaine mesure seulement. Par exemple: cela fait des années que le viagra est remboursé par la sécurité sociale, on en parle de nos tampons et de certaines pilules ?
Et pourtant la santé sexuelle est holistique et englobe tous les sujets cités, l’OMS elle-même la définit ainsi :
Organisation mondiale de la santé (OMS)
L’appât du gain
Je vois de plus en plus d’entrepreneur.se.s qui veulent se lancer sans vraiment connaître le milieu dans lequel iels s’embarquent. Iels voient pour certain.e.s, seulement l’opportunité business. Iels ne se rendent pas compte des difficultés entrepreneuriales propres à ce milieu et surtout les bases de sociologie (notions sur le genre), sexologie… qu’il faut acquérir assez rapidement pour ne pas faire de faux pas. Se lancer dans la sextech sans notions de base, c’est prendre le risque de continuer à diffuser des idées sexistes voire à vendre des produits dangereux pour la santé, qui peuvent même ruiner la libido et la vie sexuelle. (ça vous rappelle pas un labo qui vend le produit qui créé le cancer et le médoc pour le soigner ?!)
La sextech au service d’une sexualité au pluriel
La sexualité est plurielle. Le marché de la sextech est immense et ne concerne pas que les personnes blanches hétérosexuelles, riches et valides.
Je fais partie des ces (ex)entrepreneuse qui assume son positionnement féministe pro-sexe. C’est-à-dire que je reconnais les travailleur.se.s du sexe (oui tout le monde de la prostitution), je reconnais les travailleur.se.s de l’industrie pornographique (non ce n’est pas de la prostitution) comme des métiers comme les autres. Ils doivent être plus reconnus et protégés et peuvent faire partie de la sextech.
Tout se mélange : des sexologues, aux créateurs de sextoys, aux réalisateur.trices de films pornographiques, aux performeur.se, aux travailleur.se.s du sexe en général. Ce n’est pas parce qu’on créé et vend des sextoys ou qu’on créé une plateforme d’éducation à la vie affective et sexuelle ou autre qu’on est une personne obsédée sexuelle sans valeurs et dangereuses pour la société.
On reviendra plus en détail sur les difficultés rencontrés par les entrepreneur.se.s de la Sextech dans un autre article dédié. Parce que tout ce petit monde fait face des difficultés similaires. En attendant, la plupart des invité.e.s du podcast Let’s TalQ : Intime et Politique parlent des leurs dans plus de 60 épisodes.