Le sexe est-il forcément politique ?

podcast-interview-live-talq

OUI. Le sexe est politique. Comme tout dans la vie.
Tout peut avoir une interprétation politique qu’on le veuille ou non.
Reflet de notre éducation, de nos idées…

Je suis convaincue que (re)prendre la connaissance et le pouvoir sur notre corps et notre sexualité, c’est prendre le pouvoir sur notre vie au quotidien.

Savoir dire non, partout.
Savoir dire oui aussi.
Savoir ce qu’on veut, ce qu’on aime, comme boulot ou comme position :
CEO, Andromaque ou Cuillère ou même tout à la fois ! 👩🏻‍🍳

Penser comme ça, c’est potentiellement se rapprocher du courant féministe dit “pro-sexe”.

Dans cet article, je tente d’explorer différentes réflexions sur pourquoi le sexe est politique, à travers les différents courants féministes et les récupérations commerciales et capitalisme du féminisme comme de la sexualité en général.

Le féminisme pro-sexe : politiser nos intimités, nos corps, nos sexualités


Pour la petite histoire de ce mouvement, RDV sur ce brief de Feminist in the city, mais pour définir ce courant en une phrase on cite LA référence :

“Le corps, le plaisir et le travail sexuel sont des outils politiques dont on doit s’emparer”  

Virginie Despentes

Voici les principales lectures qui m’ont convaincues. Ce sont des livres qui m’ont fait embrasser mon féminisme et qui m’ont encouragé à oser entreprendre dans le milieu de la sexualité en 2020 mais aussi à arrêter en 2023 :

Et bien plus récemment, Féminisme Washing de Léa Lejeune et Chères Collaboratrices de Sandrine Hollin

Mon entrée dans le monde entrepreneurial était inévitablement politique.
(Jusqu’à ce niveau de l’article, je reprenais une newsletter que j’ai écris en 2022, je tente à partir de maintenant d’y ajouter des nuances, recherches et pensées qui ont nourrit et parfois hantés mes projets ces dernières années)

Féminisme pro-sexe, récupération capitaliste et washing

Mais quelle politique ? Quel féminisme ?
Le féminisme pro-sexe n’échappe pas à l’influence du capitalisme, du féminisme blanc qui oublie l’intersectionnalité des luttes et qui peut s’emparer d’une lutte sociale en business qui reproduit les inégalités sociales et tout types de problèmes (comme de santé) qu’il combattait à la base. Un serpent qui se mort la queue.

Sexe et Politique : objectif vente

Ça ne vous aura pas échappé, le sexe fait vendre. Le sexe est social, politique, mais aussi économique. Le sexe fait partie de la vie humaine. Tous les domaines de la vie s’en emparent, les systèmes économiques comme le capitalisme également.

L’histoire de la prostitution (aka le plus vieux métier du monde) ou encore des sexshop est au moins centenaire si ce n’est millénaire. La coolification du féminisme via la mode (coucou Dior et son T-shirt à 400 Eur), les réseaux sociaux et plein d’entreprises au marketing pink et “féministwashé” arrive plutôt entre les années 70 et 2018. Oui je sais, c’est une grosse fourchette que j’estime selon les différents points de vus et pays de mes rencontres et recherches.

50 nuances de féministes : des abolitionnistes aux anti-sextoys

Quand j’ai entrepris dans le milieu de la sexualité en créant TalQ Univers, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes militantes, activistes et/ou entrepreneuses. J’ai pu rencontrer des visions politiques différentes et donc des manières d’entreprendre, de se créer des revenus (ou pas), de communiquer… très différentes. J’en ai interrogé une centaine pour mon podcast Entreprendre dans la sexualité, renommé aujourd’hui Intimités politiques

J’ai rencontré plusieurs types de personnes, si on tente des catégories grossières :

  • Des personnes pour qui parler de sexualité dans le combat féminisme n’est pas une priorité. La priorité c’est le travail, l’argent …
  • Des personnes pour qui sexualité et féminisme c’est non, parlons plutôt d’humanisme (ma réaction 🙄)
  • Des personnes pour qui associer les sujets sexualité et féminisme est une évidence mais n’incluent QUE les personnes cis hétérosexuelles blanches et valides.
  • Des personnes pour qui sexualité et féminisme c’est ok mais pas les sextoys
  • Des personnes pour qui tout est ok, et qui tentent d’inclure tout le monde. Peu importe le genre, l’orientation romantique, comme sexuelle, les origines sociales, économique, religieuses, ethniques … (ça c’est évidement bien plus rare parce que tout simplement super difficile à penser et mettre en place)

Entreprendre dans la sexualité : engagement politique ou washing ?

Toutes ces positions influencent ce qu’on voit, ce qu’on entend dans les médias, les réseaux sociaux, les événements, les tendances et in fine ce qu’on vit dans notre vie, dans notre lit.

  • Pourquoi vendre des sextoys tout lisses vibrants serait mieux que des phalliques explicites ou des fantaisistes à forme de corne de licorne ou de tentacule ?
    Pourquoi promouvoir la connaissance du clitoris à travers des affiches ou des colliers serait mieux que ces mêmes sextoys ou des ateliers d’observations vulvaires voire de méditation orgasmique ?
  • Pourquoi les sextoys seraient seulement pour les personnes célibataires et les lubrifiants pour les couples ?
  • Pourquoi ces mêmes accessoires, ne s’adressent-ils pas aux personnes non-binaires, aux personnes transgenres ? On pourrait dire la même chose de la plupart des livres de bien-être sexuel qui peuplent de plus en plus les rayons développement personnels des librairies.

Vouloir libérer les paroles sur les sexualités, visibiliser nos droits, nos luttes… ce sont des engagements tout aussi nobles que parfois très difficiles, chronophages, éreintant.
Tout le monde ne peut pas faire de la politique son métier. La professionalisation de la politique est un sujet en soi d’ailleurs. Certaines personnes souhaitent s’engager politiquement à travers leur métier, ou la création de leur entreprise.

Ce n’est pas facile de trouver le bon équilibre entre engagement et modèle économique. Je ne le sais que trop bien. Comment rester éthique, fidèle à ses valeurs et vivre de son activité sans faire de publicité mensongère, sans faire de pink, purple ou toute forme de washing ?

Le sexe est-il politique dans votre vie ?

Et pour conclure, si vous vous demandiez en quoi le sexe est-il politique chez vous ? Attention, cette introspection n’est pas forcément des plus plaisantes.

  • Pouvez-vous parler de sexualité entre ami.e.s ou en famille de la même manière que vous parleriez de sport, ou de littérature (ou tout autre sujet qui passionne votre cercle) ? Si vous y arrivez un peu, est-il plus simple de parler de santé, d’éducation ou de plaisir sexuel ?
  • Vous est-il déjà arrivé de prétendre avoir eu un type de sexualité en particulier ? (performance, position, type de relations, nombre de partenaires …) Pourquoi l’avez-vous fait ?
  • Vous est-il déjà arrivé.e de prétendre avoir joui alors que non ?
  • ….

Je vous laisse continuer la liste en commentaire ?

Si vous avez des remarques, des questions, des nuances à apporter … n’hésitez pas à laisser un commentaire. Le premier problème dans la sexualité c’est d’en parler ! Alors ça peut commencer ici